La sortie de l’Apple Watch a semé en vous le doute sur la Rolex Daytona ou la Reverso que vous convoitiez depuis des mois ? A moins que vos yeux ne se soient déjà tournés vers ces quelques horlogers de la place Vendôme qui ont lancé leurs propres garde-temps connectés ?
La magie d’un tourbillon Vacheron-Constantin ou d’une montre-bijoux Van Cleef & Arpels n’a a priori rien de commun avec la technologie d’une smartwatch. Ces montres traditionnelles reflèteront votre univers et votre statut social, cette dernière sera d’abord et avant tout utilitaire. Renoncer à la montre de vos rêves confectionnée en Suisse serait une erreur : une montre hyper-connectée ne sera jamais votre héritage ou votre symbole. A la rigueur, parlons plutôt d’une complémentarité entre les 2 objets, selon les circonstances et vos usages.
La Rédaction vous propose son décryptage.
« La guerre du poignet est déclarée »
Lorsque nous l’avons interrogé, le journaliste horloger Xavier Comtesse nous a parlé de véritable guerre du poignet entre 2 produits pourtant très différents. Le combat qui s’annonce n’est pas sans rappeler l’apparition des montres à quartz dans les années 70. Certes, le coup fut rude pour la haute horlogerie, mais elle finit par se relever. Aujourd’hui, l’issue de l’opposition entre montres de luxe et montres connectées n’est pas écrite d’avance.
A la recherche de la technologie, vous pouvez en effet parfaitement vous tourner vers l’Apple Watch Edition avec son boitier en or dont l’entrée de gamme se situe autour de 10 000$. Apple propose un écosystème où l’heure n’est plus l’information première : l’Iwatch et ses évolutions pourront gérer votre voiture, votre domotique, vos achats, votre bureau, et a des fonctions aussi variées que celles de téléphone, emails, sms, agenda, météo, actualités, système de paiement sans contact, clef de chambre d’hôtel…
Simplement, Apple restera une marque accessible, et la seule différence entre votre Apple Watch et les autres sera son boitier en or. Au mieux, vous vous tournerez peut-être vers Goldgenie pour une personnalisation plus poussée et plus exclusive : platine, or rose, cristaux Swarovski, peau d’animal exotique… Mais cette touche de clinquant supplémentaire ne vous apportera pas une qualité supérieure et l’abondance de matières précieuses ne suffit pas à conférer une âme à une objet. Comme l’explique le PDG de Cartier, la technologie n’est pas rare, fut-elle couverte d’or, à la différence du savoir-faire artisanal, qui seul « vous dit la préciosité du temps qui passe ».
Faut-il pour autant délaisser Apple et, tout en restant sur le terrain de la montre connectée, se tourner vers Tag Heuer et quelques autres horlogers ? Selon Xavier Comtesse, en escomptant (légitimement) des fonctionnalités aussi accomplies que celles de l’Iwatch dans un garde-temps de luxe, grande sera votre déception. Même si elle unissait toutes ses forces, l’horlogerie suisse ne pourra jamais offrir un tel environnement technologique.
Au mieux, votre montre aura peut-être été conçue en partenariat avec des marques de la Silicon Valley pour des fonctionnalités relativement restreintes. Et après tout, un éventail plus resserré d’options sera peut-être plus adapté à vos besoins. Des experts suisses cherchent à associer à leurs montres des fonctions qui vous seront utiles : alertes de rendez-vous, appels, mails, données physiques et sportives, réveil, etc.
Mais cela ne réglera pas l’importante question de la pérennité de votre montre de prestige. La technologie connectée n’est-elle pas fondamentalement synonyme d’obsolescence ? Si vous assumez que la durée de vie de votre smartwatch sera équivalente à celle de votre smartphone (fragilité, limites de la mémoire, compatibilité, mise-à-jour du système d’exploitation…), la difficulté est levée. Mais si, selon le mot de Patek Philippe, vous ambitionnez de « fonder votre propre tradition », le choix de la technologie sera naturellement inopportun… ou simplement complémentaire avec celui d’une montre d’exception.
Le top 5 des montres connectées de facture horlogère
Certains horlogers recherchent un compromis. Il vous laissent cependant le soin de déterminer vous-même si vous n’allez pas ce faisant acquérir une demie-mesure ni très luxueuse ni à la pointe de la technologie. A vous de choisir ; voici du moins, dans cette gamme de produits, ce qu’ils vous proposent aujourd’hui de mieux.
La smartwatch de Tag Heuer
Jean Claude Biver, directeur de la marque, souhaite relever le défi en apportant aux traditionnelles Tag Heuer une technologie que la Suisse n’a pas. Ici, c’est l’horloger qui va chercher la technologie et non l’inverse comme le tente Apple. En partenariat avec Intel et Google, il s’entoure des meilleurs pour lancer une montre connectée aux alentours de novembre 2015, selon toute vraisemblance une Carrera revisitée. Le porteur gardera ainsi l’impression de posséder une montre mythique au poignet. Cependant, 98% de la montre sera suisse mais ses 2% américains l’empêcheront d’être certifiée « Swiss made », ce qui sera forcément un peu décevant pour les puristes parmi vous…
La B55 Connected de Breitling
Si vous cherchez une montre résolument sportive dans l’univers aéronautique, c’est vers Breitling qu’il faut vous tourner. Ici, la montre et le smartphone fonctionnent en binôme. Le smartphone est au service de la B55 et non le contraire. Le téléphone vous apportera une lisibilité plus précise grâce à la taille de son écran et vous permettra d’enregistrer des données de vol. La synchronisation s’effectue sans fil tout comme le transfert de données, le réglage de l’alarme et l’adaptation automatique au fuseau horaire avec une précision hors norme.
L’e-strap de Montblanc
Recto-verso , voilà comment conserver l’analogique et le numérique. L’e-strap fut la nouveauté présentée au SIHH (Salon International de la Haute Horlogerie) 2015 de Genève. Elle sera compatible avec votre smartphone Apple ou Samsung. Le bracelet vous enverra des notifications de vos messages reçus, appels et emails. Le verso de votre montre vous indiquera également les actualités des réseaux sociaux et vous offrira un suivi de vos activités physiques tout en vous permettant de gérer certaines applications de votre smartphone à distance. L’e-strap ou écran connecté pourra s’attacher à tous les modèles de la marque disposant d’un entre-corne de 22 mm.
Mont-Blanc fait ainsi le pari que les technologies NFC (Near Field Communication - communication en champ proche) et le bluetooth seront rapidement sur toutes les montres, mais ne se résigne pas à créer un nouveau modèle. Le luxe de votre objet se trouvera toujours sur son recto.
L’invisible technologie de Frédérique Constant
Vous estimez que la technologie d’une montre intelligente doit se faire la plus discrète possible ? Frédérique Constant mise sur cette retenue plus encore que Mont-Blanc. Le modèle proposé conserve résolument une apparence de montre bracelet classique. Il n’a pas d’écran digital et conserve un affichage analogique : la technologie est invisible, à l’intérieur du boitier. Son bracelet en crocodile achève de lui donner ce côté traditionnel.
Qu’a-t-il donc de connecté ? Le choix a été fait de réduire la palette des fonctionnalités (pas d’appel, ni de mail, ni d’alerte) pour permettre à la montre de se focaliser sur votre activité physique tout en conservant son élégance intemporelle. Vous aurez accès à votre suivi d’activité MotionX, à vos réveils réglés sur les cycles de sommeil et à des alertes pour reprendre une activité après un trop long repos…
Sur le cadran, les numéros de 1 à 100 indiquent le % d’activités physiques réalisé dans la journée par rapport à l’objectif que vous vous serez fixé sur votre application mobile. La smartwatch fonctionne comme les montres à quartz et dispose d’une autonomie de 2 ans.
La Kairos Watch
Kairos signifie « le moment opportun » en grec. Votre montre est reliée à votre smartphone par bluetooth et vous avertit de la réception d’un sms, d’un appel, d’un email, ou d’une notification. Elle n’occulte pas le versant santé très apprécié en calculant vos pas, vos calories dépensées au cours de la journée et votre rythme cardiaque. De nombreux modèles existent dont ceux à écran invisible. Les notifications apparaissent en surbrillance de votre écran mécanique habituel.
Pour ne pas vous séparer de votre précieuse montre
Certains objets connectés de luxe laissent volontiers la « fonction montre » aux horlogers. Ils se focalisent bien plutôt sur d’autres fonctionnalités, telle le suivi de votre activité physique. Purement utilitaires, ils cohabiteront en harmonie avec votre « vraie » montre artisanale. Ne renoncez pas à Piaget ou à Jaeger si les fonctions des montres connectées vous semblent indispensables, mais portez à votre autre poignet l’un de ces objets !
Le Mica d’Intel
Derrière le nom Mica se cachent en réalité les initiales de My Intelligent Communication Accessory, marque créée par Intel. Au creux du poignet se camoufle un écran semblable à ceux qui s’intègrent petit à petit aux montres de luxe. L’autre côté est serti de pierres précieuses, soit un lapis lazuli de Madagascar, soit un œil de tigre d’Afrique du Sud et de l’obsidienne de Russie. Vous obtenez alors un bracelet manchette aux allures rétro mais qui n’a de vintage que l’apparence. Par exemple, sa technologie Time to go vous informera de vos prochains rendez-vous en fonction de votre géolocalisation en prenant en compte votre temps de parcours.
Reste que l’écran de la Mica ne rayonne pas de modernité et n’est pas sans rappeler le bipeur Tam-tam de la fin des années 1990.
Vous en saurez plus en vous rendant sur le site d’Intel.
Le June de Netatmo
La finesse de ce bracelet laisse présager peu de place pour intégrer de la technologie. Pourtant, il mesure l’exposition au soleil et avertit son porteur en cas d’exposition jugée trop longue ou trop importante. Il mise sur la discrétion et sur une préoccupation beauté et santé. Le médaillon est détachable (ce qui vous permettra de le porter en broche) et rechargeable. Après avoir déterminé votre type de peau à partir de quelques questions, l’application liée à l’objet le paramétrera afin de vous éviter les coups de soleil. Sans être aujourd’hui un objet de luxe, il pourrait néanmoins connaître à l’avenir des variantes employant des cuirs rares et inspirer les maisons de haute joaillerie.
Retrouvez plus de détails sur le site officiel JuneByNetatmo.