On pourrait résumer l’esprit du cigare avec les mots de Zino Davidoff : « fumer moins mais fumer mieux ». Moins routinier et plus rituel que la cigarette, le cigare se choisit avec précaution et selon les préférences de chacun.
Parmi ces déclinaisons de goûts et d’origines, lesquels choisirez-vous ?
Les meilleurs par pays
Sur la première marche du podium
Le magazine L’amateur du cigare a dressé le palmarès 2014 des meilleurs cigares du monde parmi une sélection de 130 modèles. Chaque grand terroir mondial s’est vu décerner son numéro 1.
Les incontournables cubains
Même si certains dominicains sont au moins aussi bons que la plupart des cubains, ces derniers restent incontournables. Les meilleurs cigares se trouvent précisément à Vuelta Abajo, surnommée « la terre rouge de Cuba », avec son sol légèrement différent des autres terres d’Amérique latine. Vous pouvez aussi vous ranger du côté de la légende qui veut que ces cigares seraient roulés sur les cuisses des cubaines !
Voici les meilleures marques :
- Cohiba et son immanquable Behike, du nom d’un chef de tribu indigène de Cuba. Il est aussi le plus cher du monde avec son prix de 378€ pièce et près de 15 000€ la boite de 40. Entièrement roulé à la main par Norma Fernandez, ouvrière la plus expérimentée de la manufacture, le Behike est signé d’un savoir-faire d’exception. A l’origine, la marque ne fournissait que Fidel Castro et les membres les plus haut placés du gouvernement cubain. Parfois offerts en cadeau à des chefs d’État ou diplomates, leur commercialisation s’est élargie à partir des années 1980. Seules les plus fines feuilles de tabac sont utilisées pour le Behike et subissent une période de fermentation plus longue.
- Montecristo et son Habanos. Il tient son nom de la littérature lue aux rouleurs dans les ateliers. On retrouve la même référence pour Roméo et Juliette.
- Romeo y Julieta. De qualité supérieure, cette marque était consacrée à l’aristocratie. Elle créait des bagues personnalisées pour les rois et la haute société. Aujourd’hui encore, vous pouvez apprécier la gamme Churchill qui était un fervent adepte de la marque.
- Hoyo de Monterrey, une qualité de tabac très convoitée et l’une des plus grandes manufactures de Cuba.
- Partagas, la plus ancienne fabrique de cigares encore en activité à La Havane.
La sélection par pays
Trois pays se mesurent à l’indétrônable Cuba, à savoir la République Dominicaine, le Nicaragua et le Honduras.
Pour sa part, la République Dominicaine arrive juste derrière Cuba en termes de réputation mais se place première en production de cigares long filler premium (composés de feuilles de tabac entières). Les cigares Griffin’s sont peut-être les plus répandus et les plus classiques. Faciles à fumer, ils sauront combler un jeune débutant. L’opus X d’Arturo Fuente est au contraire l’un des plus rares du monde. Quand la plupart des cigares comptent 5 feuilles de tabac, sa composition peut aller jusqu’à 9.
Le Nicaragua, surnommé le nouvel Eldorado du cigare, allie puissance et finesse aromatique dans sa culture du tabac. Les San Lotano recueillent des saveurs robustes et puissantes tandis que vous décèlerez des notes terreuses et boisées si vous vous dirigez vers un Paradiso.
Les cigares du Honduras sont généralement plus forts que ceux de la République Dominicaine ou du Nicaragua. Toutefois, la ligne Villa Zamorano par exemple mise sur des cigares sans fioritures, authentiques et sans contraintes. Flor del Selva en propose également faciles à fumer et parfumés sans être trop puissants.
Guide du débutant
L’anatomie du cigare
Le cigare se compose de 3 éléments :
- La tripe, colonne vertébrale du produit, est composée de trois feuilles de tabac.
- La sous cape composée de feuilles intermédiaires sert à tenir la tripe.
- La cape, à la couleur plus ou moins foncée, est une feuille qui favorise la combustion. Autrement appelée wrapper, elle ne doit être ni sèche ni décolorée. Elle doit être lisse et garantir une enveloppe hermétique au cigare.
Trois temps se dégagent lors de sa consommation. Le premier tiers est le foin, temps pendant lequel se démarre le cigare. Vient ensuite le deuxième, le divin qui libère touts les arômes et enfin le purin, tiers pendant lequel la puissance de la nicotine prend le pas sur les saveurs.
Comme un grand vin, le cigare ne se fume pas n’importe comment. Il faut compter au minimum entre 30 min et 1h pour le consommer et le fumeur n’est pas tenu d’inhaler la fumée pour en apprécier tous les arômes. Comme un grand cru, il dégage des senteurs et des notes subtiles.
L’artisanat : un gage de qualité
Généralement, les produits industriels présentent les défauts suivants :
- trop mous
- trop durs
- grumeleux
- sans parfum
Si vous débutes, ces indices vous permettront de reconnaître un mauvais cigare en un coup d’œil. En outre, un produit de moindre qualité contiendra généralement du tabac haché.
Le prix moyen d’un bon cigare oscille entre 15 et 30€. Les plus chers sont réalisés à la main dans des manufactures où le savoir-faire se transmet depuis des siècles.
Origine : Cubain ou Dominicain ?
Comment choisir parmi les deux souverains du cigare ? D’un côté, un certain mysticisme entoure les cigares cubains et leur confère une aura particulière, de l’autre, la République Dominicaine a fait du tabac l’une des principales cultures du pays.
Pour des saveurs plus légères, dirigez vous vers les dominicains issus des productions de Santiago de Los Caballeros dans la vallée de Cibao. La palette de saveurs dominicaines est plus variée que celle de Cuba, ce qui séduira plus aisément les novices.
Plus imposants, les cubains sauront plaire aux plus fins connaisseurs et accompagner la fin d’un dîner.
La fermentation
Celle-ci se voit à la couleur. Il y a presque autant de teintes que de cigares, du jaune clair au brun foncé, et elles ne sont pas un indice de qualité mais de fermentation. Cette dernière assure une teinte uniforme et harmonise les arômes et les saveurs. En revanche, plus la cape sera foncée et plus il sera corsé. La fermentation se fait en 2 (parfois 3) fois. La première permet aux feuilles de tabac de se débarrasser de leur excès de résine et la seconde, pouvant allers jusqu’à 2 mois, affirme le goût du tabac et élimine les dernières impuretés.
Le module
On ne parle pas de taille de cigare mais de module. Chaque catégorie a sa taille de référence à respecter. Un Especiales devra faire 230 mm de long pour un diamètre compris entre 17,7 et 19 mm. Les plus petits comme les « très petits coronas » mesurent 105 mm pour un diamètre de 16 à 17 mm. Cependant, la qualité optimale se situe à partir des modules moyens, car les feuilles sont entières et les « débris » sont moins présents. La durée que vous souhaitez accorder à la dégustation décidera du reste. Quelque soit le module de votre cigare, si son poids est inférieur à 3g, vous aurez affaire à un cigarillo.
Les bonnes associations cigare et spiritueux
Avec quelle boisson allez-vous accompagner votre cigare ? Il vous faudra des produits capables de rivaliser avec la force de ses arômes qu’il soit doux ou plus puissant. Dirigez vous vers un porto millésimé pour un havane par exemple.
Associer un cigare avec un cognac ne s’impose pas toujours comme une évidence. Ce dernier doit être assez boisé pour s’introduire en bouche. Vous préférerez une eau-de-vie longuement mûrie pour accompagner un havane qu’un jeune cognac par exemple. Le cognac ne doit pas empiéter sur les saveurs de votre cigare et inversement.
Un cigare trop puissant gâcherait par exemple les notes de cacao et les subtiles touches de truffe d’un Initiale Extra de Courvoisier.
De plus en plus de cognacs sont conçus pour se marier avec des cigares. Hennessy a étudié avec Zino Davidoff l’élaboration d’un Extra. De la même façon, la maison Hine a créé Cigar Reserv.
Whisky, cognac ou vin, il n’y a de bon accord qu’avec votre spiritueux préféré. Demandez d’ailleurs à un cubain ou un dominicain, il choisira sans doute un rhum.
Où l’acheter ?
En ligne
Le cigare n’échappe pas à sa démocratisation par le biais d’Internet, mais cela n’empêche pas d’en trouver de qualité en ligne. Les différents sites placés en proposent de grandes variétés, de différentes marques et origines. Rendez-vous sur La Maison du Cigare ou A la tête d’Or, les références en la matière.
Vous trouverez également sur Internet tout le matériel nécessaire à la conservation et la préparation de votre moment de détente sur la Cave à cigares.
Choisir son marchand
En vous rendant en boutique, vous devez être vigilant sur les conditions de conservation. Les meilleurs cigares se trouvent dans des magasins spécialisés. C’est là que vous serez sûrs de leur composition (pas de conservateur, de papier, de salpêtre ou de glycérine).
Art tabac, 2 place de Catalogne dans le 14e arrondissement de Paris est une très bonne adresse. Vous aurez également du bon tabac à La Tabatière située entre le faubourg Saint Honoré et le marché Saint Honoré.
Autre valeur sûre, A la Civette, face au Louvre est l’une des plus anciennes boutiques spécialisées de Paris.
Connaissez vous les cigares infusés de la DrewEstate au Nicaragua. Qu’en pensez vous?
Bonjour, au sujet du BEHIKE, peut on le laisser dans sa boite d’origine est ce qu’il doit être aéré , 1foi par ?…avec le temps quelques années va t’il bonifier , ?..
Bonjour,
L’emballage en cellophane, s’il est présent, doit être au moins ouvert afin que l’air puisse circuler. Si par contre il est en cèdre, c’est une question de goût car les essences de ce bois vont se diffuser avec le temps.
La boîte d’origine convient très bien pour conserver les cigares quelques semaines, néanmoins, si vous souhaitez les conserver longtemps (plusieurs mois ou années), rien ne vaut de les placer dans une cave à cigares ou « humidor » qui vous assurera une température et un taux d’humidité idéaux. Pour les Behike, l’idéal est 17°-18° au maximum, pour un taux d’humidité un peu élevé, comme pour tous les cubains, soit aux alentours de 70%.
Concernant la durée de conservation, il est clair qu’elle augmente considérablement si vous disposez d’un humidor et est même a priori illimitée. Dans ce cas, un cigare d’exception comme le Behike développe des arômes spécifiques après plusieurs années (4-5 ans). Comme pour un vin, ils deviennent plus doux et harmonieux, notamment la vitole du final qui exprime toute sa complexité tout en devenant plus « abordable ».
Bonne dégustation à vous !
Quelle belle invitation, merci ! Je vais me lancer.
(En prime, faute de frappe : « Si vous débuter »…)
Bien à vous,
Sylvain, Paris.
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